zaterdag 12 juli 2025

La petite décision.

Il est quatre heures trente du matin. La lune est haute dans le ciel, presque indécente de clarté. La ville dort encore, mais moi, j’en suis déjà à mon premier café. C’est un moment que je connais bien. Tout est calme. Seul le frigo ronronne doucement, et quelque part plus loin, un coq mal luné chante à contretemps.


Et c’est là que je commence à rêvasser.

Sans y penser. Ça me prend. Quelque chose dans ce silence m’attire vers l’intérieur. Vers mon histoire. Vers ce chemin étrange qui m’a mené jusqu’ici – ici, à Thessalonique, dans cette rue, sous cette lune.

Et je me demande : comment suis-je arrivé là, exactement ?

Pas en kilomètres, non. Mais en choix. En décisions minuscules, souvent inconscientes. Ce ne sont presque jamais les Grands Gestes qui déterminent tout. Pas le “je pars vivre à l’étranger”, ni le “je vais enfin suivre mon cœur.” Non. Ce sont les petits virages, les moments où, juste un instant, on fait quelque chose de différent. On prend une autre rue. On regarde quelqu’un dans les yeux. On reste cinq minutes de plus autour d’un café. On dit quelque chose qu’on n’osait pas dire.

J’ai pris l’habitude de regarder ma vie à l’envers, comme un film qu’on rembobine. Et je suis toujours surpris de voir à quel point le point de départ est lointain. Parfois, ça remonte à une décision que j’ai prise quand j’avais douze ans. Le choix d’une école. Un livre que j’ai pris au hasard sur une étagère. Une idée qui s’est accrochée quelque part dans ma tête.

Et parfois — et c’est ça qui est beau — j’ai pris une décision dont j’ai pensé sur le moment : oh merde, c’est une erreur.

Le genre de choix qui te noue l’estomac. Celui que tu regrettes aussitôt.

Et puis, des années plus tard, tu y repenses… et tu te dis : grâce à cette “erreur”, je suis quand même bien là, sous le soleil grec.

C’est peut-être ça, le vrai réconfort : savoir que même les faux pas font partie de la danse. Que la vie n’est pas une ligne droite, mais un sentier sinueux qui ne prend vraiment sens qu’une fois qu’on a marché assez loin.

Chaque petite décision — les bonnes, les mauvaises, les impulsives, les évitées — déclenche un mouvement. Et ce n’est qu’après coup qu’on comprend vers où cela nous a mené.

Alors aujourd’hui, ou plutôt tout à l’heure, quand le soleil se lèvera et que la ville s’éveillera lentement, je sais que je devrai encore choisir. Des choses petites. Insignifiantes, peut-être. Mais peut-être qu’un jour, dans vingt ans, je repenserai à ce moment-là — quatre heures trente du matin, Thessalonique, premier café — et je me dirai : ah oui… c’est là que quelque chose a commencé. 

Votre correspondent sur place.
A+

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