maandag 7 juli 2025

Deux heures sous terre, deux mois au soleil.

Voilà deux mois que je traîne mes sandales dans cette ville grillée au chalumeau nommée Thessalonique. Une ville où mon sens de l’ordre — affiné par quinze ans de France et une pincée de Belgique — fond lentement comme un cornet de glace oublié sur un capot en août.

Ici, tout est chaos dansant : des voitures garées en double file comme si elles participaient à un concours de danse folklorique urbaine, des cafés frappés servis si vite que tu n’as même pas le temps de dire Kalimera, et des chats avec l’attitude de petits chefs d’État non élus. Oui, ici, les chats président, toi tu observes.

Les passages piétons ? De vagues suggestions, comme des poèmes visuels qu’on a peints un jour de pluie pour faire joli. Traverser la rue, c’est une activité extrême. Il te faut les réflexes d’un ninja asthmatique et la foi d’un vieux moine tibétain.

Et puis il y a le métro. Ah… ce métro mythique. On en parle ici depuis que Zeus a acheté sa première paire de sandales en solde — ou peut-être depuis qu’Aristote, en sueur, s’est dit : “On devrait vraiment creuser quelque chose là-dessous.” Eh bien, ils l’ont fait ! Et maintenant, il est là, tout frais, tout froid, tout long. Pour 1,20 €, tu peux t’enfermer plus de deux heures sous terre comme une carotte bien planquée. Tu n’as même pas besoin de destination. Tu t’assieds, tu respires l’air climatisé, tu médites sur ta sueur passée.

Mon travail, parlons-en. C’est une gymnastique mentale qui m’a fait devenir un distributeur automatique de “désolé”, même quand ce n’est pas ma faute. Le colis est tombé dans un volcan ? “Désolé.” L’Internet de quelqu’un est cassé en Patagonie ? “Désolé.” Mais à partir de demain, j’essaie d’arrêter. Promis. Assez de culpabilité importée.

Aujourd’hui, j’ai eu congé. Un vrai jour off, un miracle. Et que fait-on dans ces cas-là ? On appelle des gens qu’on aime. J’ai passé deux heures pendu au téléphone comme une guirlande humaine, entre rires, confidences et silences doux comme du miel au romarin.

Puis, direction la mer. Parce que le soleil m’a fondu le cerveau et que l’eau, elle, ne pose pas de questions. J’ai nagé comme un anchois philosophe, les orteils dans le sable brûlant, les pensées au frais. Même les mouettes m’ont laissé tranquille — elles ont dû sentir que j’étais déjà au bord de l’ébullition.

Thessalonique est une ville où l’on peut flâner sans but et être accepté pour ça. Parfois, un vendeur de pastèques t’offre une tranche juste parce que tu transpires avec élégance. L’air sent la feta chaude, la nostalgie byzantine et une pointe d’insouciance. Même le vent ici semble avoir lu quelques romans grecs avant de souffler sur ton cou.

Deux mois. Je ne suis plus un touriste. Je ne suis pas encore un local. Je suis entre les deux — une comète en tongs, qui cherche juste à comprendre cette symphonie urbaine absurde et sublime.

Aujourd’hui était chaud, salé, un peu fou. Parfait.

Votre correspondant sur place,
A+

Geen opmerkingen:

Een reactie posten